Cannabis Social Clubs : les producteurs-fumeurs ne veulent plus se cacher

Le nom sonne comme un club de fumeurs de Havane. Les Cannabis Social Clubs, associations de cultivateurs de chanvre, actuellement organisées dans l’illégalité, comptent se déclarer en préfecture début 2013.

C’est Dominique Broc qui l’a annoncé dans Le Monde paru le jour de Noël. Un peu comme le planteur qui voulait être jugé comme un criminel, cet homme sait très bien ce qu’il fait :

« C’est bel et bien un acte de désobéissance civile. On n’attend pas que l’on nous donne une autorisation. On veut imposer notre activité. »

En France, l’article 222-35 du code pénal punit de trente ans de réclusion criminelle et de 7,5 millions d’euros d’amende la production ou la fabrication illicites de stupéfiants en bande organisée.

Les interpellations pour usage de stupéfiants sont en hausse et ont atteint un total de 143 000 l’an dernier. Malgré sa politique répressive, la France est l’un des pays européens où la consommation de cannabis est la plus élevée, et elle ne cesse de croître.

Afin de forcer le débat politique, Farid Ghehioueche, l’un des fondateurs de l’association Les amis du Cannabis Social Club français, créée en août, incite donc les fumeurs-cultivateurs « à revendiquer la culture en bande organisée » :

« Il ne faut plus vivre caché, mais montrer que, oui, il y a des consommateurs responsables, et que c’est l’Etat qui est irresponsable de ne pas changer la loi. »

Farid, également initiateur du collectif Cannabis sans frontières, estime qu’après cinq ans de sarkozysme – « une nuit noire », selon lui – un « réveil » est en train de s’opérer depuis six mois chez les cannabinophiles.

« Mais ça reste “touchy”, on marche sur des œufs », concède-t-il. Tous les jours, il reçoit des appels pour adhérer à un club. Il invite les volontaires à se prendre en main :

« Fédérez-vous, prenez le temps de lire le code de conduite, définissez entre vous vos règles de fonctionnement… et ensuite on ira tous se déclarer en préfecture ou au commissariat. »

Sur les 200 000 cultivateurs de cannabis [estimation de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies, OFDT], combien sont prêts à sortir du bois ? Dominique Broc avance le chiffre de 2 500 personnes, regroupées en 150 clubs, associations de fait et non de droit.

Parmi les 550 000 consommateurs quotidiens de cannabis [toujours selon l’OFDT, que les militants estiment largement sous-estimés], beaucoup voudraient sans doute rejoindre un de ces clubs, qu’ils soient jardiniers ou pas.

Le fonctionnement des clubs n’est pas encore clairement arrêté, mais il s’agirait de cultiver en commun, en partageant les frais et les risques, mais sans vendre. Culture en intérieur (« indoor »), en extérieur (« outdoor »), choix des plantes, usage ou non d’engrais… les membres du club devraient se mettre d’accord sur tous ces points. Ce n’est pas gagné, tant chaque cultivateur a ses petites habitudes.

Qu’ils osent finalement se déclarer ou pas, les amis des Cannabis Social Clubs auront en tous cas relancé le débat, même si au-delà d’Europe-Ecologie-Les-Verts, aucun parti ne semble décidé à s’en emparer.

Qu’importe, il faut des exemples. Comme celui de Jako Simon, qui, atteint du sida, a besoin de cannabis pour supporter les effets secondaires des trithérapies – ce qui lui a valu quelques ennuis avec la police.

Et Farid Ghehioueche de citer « un cas parmi des dizaines » :

« Quand un monsieur de 62 ans, qui cultivait son cannabis pour diminuer sa consommation de tabac et mieux dormir car il a de l’arthrose, se fait supprimer ses quatre pieds de chanvre, qui ne gênaient personne, que se passe-t-il ? On le met dans une situation où il va aller s’approvisionner sur le marché noir et creuser le trou de la Sécu ! »

Les partisans de la légalisation du cannabis thérapeutique ne sont pas nécessairement des soutiens des clubs, et préfèrent ne pas se mélanger aux usagers dits « récréatifs ». Pour Farid, au contraire, le combat est le même :

« On en prend tous pour se régénérer. L’essentiel est qu’on obtienne le droit à l’autoculture. »

Ce qui se joue dans cette bataille pour les Cannabis Social Clubs, c’est aussi la distinction entre des consommateurs qui se définissent comme des « citoyens responsables, des gens honnêtes qui doivent vivre cachés tellement la loi est mal faite », et les trafiquants, dealers… bref, ceux qui font commerce de la drogue.

Il faut écouter l’un des membres de l’appel du 18 joints rappeler :

« La plus grosse peur, ce n’est même pas la police mais les trafiquants. Certaines personnes qui ont des cultures se font braquer. On demande la protection de la police. »

Une tension confirmée par Michel Gandilhon, chargé d’étude à l’OFDT, cité par Le Monde :

« Depuis l’apparition des autocultures, il y a une concurrence de plus en plus rude et féroce. Il risque d’y avoir des tensions et davantage de règlements de comptes. »

Pas étonnant quand on compare le prix de vente, du cannabis qui va de 24 centimes le gramme (s’il est produit de façon artisanale) et 15 euros le gramme (sur le marché noir).

source

On y était : le procès du porte-parole des Cannabis social clubs

“Nous soutenons Dominique Broc !“ Criée dans un mégaphone par Farid Ghehioueche, figure de la lutte pour la légalisation, la formule s’attire sifflets et huées de la foule amassée dans la rue. Puis d’autres la reprennent en cœur, soutenus par un didgeridoo. Involontairement – et quelques minutes durant, les opposants au mariage pour tous se sont retrouvés face au Cannabis social club. Entre les deux camps, une rangée de policiers. Au sommet des marches du tribunal de grande instance de Tours, Dominique Broc observe la scène dans un sourire. C’est le grand jour.


Le 21 février dernier, il a été interpellé et sa production saisie. “126 plants de cannabis et 26 grammes d’herbe”, indique le procès-verbal. Broc ne s’est pas débattu, et il a suivi les forces de l’ordre. Il ne veut pas se cacher : consommateur de cannabis, il l’est. Mais pas question qu’on prélève son ADN : il ne se considère pas comme un criminel. Depuis toujours, ou presque, Voici enfin une methode afin de fausser le test dans la salive de controle du cannabis ou bien marijuana. Ce moyen consiste à adopter ce que l’on appele un cannabis cleaner, c’est un composant qui peut servir à neutraliser le CANNABIS contrer test cannabis Dominique Broc revendique la consommation de cannabis, et en déposant en préfecture les statuts du Cannabis social club français (CSCF), son combat a largement été médiatisé. Il comparaît au tribunal ce lundi, poursuivi pour “détention de stupéfiants” et refus de se soumettre au test ADN. Et il entend bien faire de ce procès une tribune “pour faire évoluer la loi”.


“Prohibition, piège à cons”


On est venu de loin pour soutenir le jardinier. A l’appel des “Amis du CSCF”, le peuple de l’herbe a répondu présent (environ 150 personnes ont fait le déplacement). Parmi les gens présents, on trouve un Palois, des Parisiens, un Hyérois, des Lorrains, etc. Tous ne font pas encore partie d’un Cannabis social club, mais ils sont là pour “une cause juste”, explique Yann, qui arrive de l’Ain. Et d’ajouter : “la guerre aux drogues est perdue, il faut le reconnaître. Maintenant il faut qu’on fasse la paix”. Tous ne sont pas des consommateurs de cannabis : ainsi Marie Bové, “fille de” et élue EELV à la région Aquitaine, affirme être “allergique au THC” mais est venue dénoncer la “prohibition, piège à cons”.


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Forte affluence dans la salle d’audience n°17 du tribunal tourangeau. Outre les médias venus couvrir l’affaire, les soutiens de Dominique Broc sont dans la place. Alors que la Cour juge les quelques affaires précédant celle du jour (un type qui a escroqué deux vieilles dames et deux cas de trafic de stupéfiants, entre autres), certains découvrent le fonctionnement de la justice (“ah, il faut se lever ?”), d’autres feuillettent le dernier numéro de la Gazette du Chanvre.


Arrive le procès. Le président exige “des réponses claires à ses questions, le reste ce n’est pas le sujet”. À la barre, Dominique Broc répond, bafouille parfois, précise “il n’y a pas de mineurs dans nos clubs” quand le président présente les CSC. Après quelques balles de fond de cour, l’échange s’installe : “je croyais que [les CSC] étaient un mouvement d’envergure nationale”, ironise le président face au petit nombre de Cannabis social clubs (cinq) déclarés en préfecture.


“On joue sur les mots, là”, “non, c’est le droit !”


Il y a comme une odeur de printemps sur Tours. Sur la place de la gare, les cerisiers en fleur colorent de rose la ville en travaux, mais devant le tribunal, c’est un autre parfum qui flotte. Les amis du CSC font un “shit-in” en attendant la fin de l’audience.


Dans la salle, c’est un dialogue de sourd. Alors que Dominique Broc met l’accent sur sa liberté, le président, lui, parle de la loi : “Pourquoi tenez-vous absolument à vous mettre hors-la-loi ? Peut-être qu’un jour les choses changeront, mais en l’état actuel, c’est interdit“. Le père du peuple de l’herbe essaie de transformer cette salle d’audience en tribune pour que la loi change, l’assemblée applaudit, un cri fuse. Une fois, pas deux : le président menace de faire évacuer la salle.


Broc l’avait annoncé, il souhaite être jugé devant une cour d’Assises, comme le prévoit la loi en cas de production de stupéfiants. Il demande au tribunal de se dessaisir, et revendique cultiver du cannabis. “Vous n’êtes pas là pour la production, vous êtes là pour détention”, lui explique le magistrat. “On joue sur les mots, là”, “non, c’est le droit”. Cours de droit en salle d’audience : dans son réquisitoire, le procureur explique le “principe d’opportunité des poursuites“. Parle d’un “procès-piège” transformé en tribune politique, lance une petite pique aux médias nationaux présents dans la salle, puis rappelle le “rôle restreint de ce tribunal : on est là pour déterminer si monsieur Broc a violé la loi“. Il requiert huit mois d’emprisonnement avec sursis.


Rosa Parks et Gisèle Halimi convoquées


Au tour de Maître Philippe Baron de prendre la parole. L’avocat de Dominique Broc se présente d’emblée comme l’antithèse de ce “soit utopiste, soit dingue, soit avant-gardiste“. Et il met l’accent sur la désobéissance civile. Nouveau cours de droit, sous un grand portrait classique de Napoléon empereur : sont convoqués à la barre Rosa Parks, Martin Luther King et le combat pour l’avortement mené par Gisèle Halimi. S’appuyant sur les textes de Thoreau sur la désobéissance civile et le rapport de l’ancien ministre de l’Intérieur Daniel Vaillant pour la légalisation, il s’affirme “persuadé que Dominique Broc a fait le bon choix en bravant la loi”.


Le tribunal est devenu tribune. “La thèse du Cannabis social club, c’est ce rapport”, lance l’orateur, avant de citer l’ancien ministre de l’Intérieur : “il faut sortir de cette hypocrisie, cela m’affole”. Et de rappeler que légaliser n’est pas dépénaliser, mais encadrer. Pour finir, Maître Baron demande au juge d’aller jusqu’au bout, jusqu’aux Assises, pour que la loi de 1970, “absolument inadaptée“, change. Le jugement est mis en délibéré jusqu’au 18 avril. De toute façon, réagit un “ami du CSCF”, ce n’est qu’un début : “tout le monde espère que ça va se finir à la Cour européenne des droits de l’homme”. Avant, espère-t-il, une nouvelle loi en France.


les inrocks cannabis

Les Cannabis Social Clubs ont rendez-vous à la préfecture

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Les Cannabis Social Clubs ont rendez-vous à la préfecture

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Plusieurs de ces groupes de producteurs de cannabis ont prévu d’aller lundi déposer des demandes de statuts associatifs en préfecture.

Des Cannabis Social Clubs (CSC), groupements de personnes qui cultivent du cannabis et partagent leur production entre eux sans en faire commerce, vont se déclarer dans plusieurs préfectures lundi, a expliqué vendredi à l’AFP le porte-parole du mouvement Dominique Broc.

L’objectif de ces groupements, qui prônent la dépénalisation du cannabis et l’autoproduction, est de se déclarer comme des associations à but non lucratif (loi 1901) et faire reconnaître légalement leur activité. Ces Cannabis social clubs, dont certains existent de fait parfois depuis plusieurs années, sont illégaux en France mais existent déjà en Espagne et en Belgique.

Au total, plus de 400 Cannabis Social Clubs existent, affirme Dominique Broc, mais tous ne vont pas se déclarer lundi, faute d’avoir établi leurs statuts dans les temps. Le 4 mars, il a déposé en préfecture d’Indre-et-Loire les statuts de la Fédération des Cannabis Social Clubs et a reçu quelques jours plus tard le récépissé délivré par la préfecture. «Désormais, la fédération existe en tant qu’association», a-t-il affirmé, attendant seulement qu’elle soit publiée au Journal officiel.

Même si la justice ou le préfet peuvent intervenir à tout moment pour demander sa dissolution, il affirme que cette première étape, «un acte de désobéissance civile» selon lui, marque «le début de la reconnaissance pour « le peuple de l’herbe »». Selon lui, des membres des CSC vont se rendre dans les préfectures lundi autour de 16 heures dans plusieurs départements, citant notamment la Creuse, l’Indre-et-Loire, la Charente-Maritime, la Vendée ou la Loire-Atlantique.

«La question est de savoir ce que va faire le gouvernement face à tous ces clubs qui vont s’afficher ouvertement», a-t-il dit. La loi de 1901 sur les associations précise que «toute association fondée sur une cause ou en vue d’un objet illicite, contraire aux lois […] est nulle et de nul effet».

Dominique Broc a été interpellé et placé en garde à vue fin février pour détention illégale de cannabis, après avoir annoncé dans la presse qu’il cultivait des plants chez lui. Il est convoqué au tribunal correctionnel de Tours le 8 avril.

Ces Cannabis Social Clubs «ne visent pas à faire du business, mais à contrecarrer les trafics et les dealers, et à mieux contrôler la qualité du cannabis, afin de protéger la santé des usagers», affirme Farid Ghehioueche, autre fondateur des CSC, créateur de l’association Cannabis sans frontières et ancien candidat aux législatives dans l’Essonne sous l’étiquette «Cannabis santé liberté justice».

Source AFP

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Une 20aine de Cannabis social Clubs déclarés en préfecture

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Une 20aine de Cannabis social Clubs déclarés en préfecture

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C’est une première en France, une 20aine de cannabis social clubs se sont déclarés en préfecture ce lundi 25 mars.

C’est ce que rapporte la porte-parole de l’association Les Amis du Cannabis Social Club Français, la partie émergée de l’iceberg des cannabis social clubs. Les cannabis social clubs, ce sont des groupes de consommateurs et de producteurs de marijuana, des « associations autogérées de consommateurs d’herbe ».

En 3 mois, les cannabis social clubs se sont multipliés par 3

Quand Lyon Capitale a réalisé un dossier sur Le peuple de l’herbe qui défie Hollande, en novembre dernier, ils étaient entre 150 et 200 cannabis social clubs. Aujourd’hui, on parle de 425… Sur les 400 CSC qui se sont créés, seulement 20 ont déclaré leurs statuts en préfecture, comme annoncés. A peine 5% de l’ensemble. « L’interpellation de Dominique Broc (ndlr : l’un des fondateurs du mouvement des cannabis social clubs) a probablement un peu refroidi les esprits. Mais le fait que les statuts de la Fédération des Cannabis social clubs aient été déposés en préfecture début mars et que le Journal Officiel les aient publiés, ça veut dire que la fédération existe en tant qu’association et que les cannabis social clubs pratiquent uniquement la désobéissance civile ».

23 000 auto-dénonciations

À l’échelon Rhône-Alpes, de « nombreux clubs se sont déclarés ». Dans le Rhône néanmoins, selon la préfecture,  personne n’est venu déposer, ce lundi 25 mars, de cannabis social club. En parallèle, et en soutien, plus de 23 000 personnes se sont auto-dénoncées via Facebook et des « cartes vertes » : « XXX, 28 ans, étudiant, consommateur depuis 8 ans, et auto-producteur responsable sous peu, contre la répression faite aux consommateurs et pour un cannabis contrôlé ». Tous attendent la réponse des préfectures et…. de la justice.
source : http://www.lyoncapitale.fr/

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Dominique Broc des Cannabis Social Clubs jugé prochainement

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Dominique Broc des Cannabis Social Clubs jugé prochainement

L’intense campagne médiatique du porte-parole des Cannabis Social Clubs (CSC), dont le point d’orgue a été le dossier de Libération du samedi 16 février, a fini par faire réagir les autorités. Dominique Broc a été placé en garde à vue du 19 au 22 février, et il devra comparaître devant le tribunal correctionnel de Tours le 8 avril prochain.

Comme le précise le communiqué des Amis du Cannabis Social Clubs  :

«  Dominique Broc n’a jamais cherché à faire mystère de ses activités. Partisan de la transparence, il ne s’est jamais réfugié dans les troisièmes sous-sols pour cultiver. […] Les CSC relèvent d’une forme pacifique de désobéissance civile, de celle prônée pour faire reconnaître les droits qui semblent juste de revendiquer.  »

Dominique se préparait à une réaction répressive, il a entamé une grève de la faim en garde à vue, comme il l’avait annoncé en cas d’arrestation. Il veut engager le bras de fer avec le gouvernement si la négociation n’est pas possible. Il se sent porté par le peuple de l’herbe, qui lui manifeste déjà beaucoup de   solidarité sur  Internet.   

D’après une interview téléphonique de Dominique Broc (à partir de 20’) réalisée par Farid Ghehioueche, interviewé en décembre dernier par Rue89 à propos des CSC, l’initiative viendrait du procureur Marin de Tours, qui a fait intervenir la gendarmerie. Il avait annoncé son intention de ne pas laisser faire les CSC dans une interview récente au journal local.

Le cannabis, le matériel de culture, le téléphone, l’appareil photo, l’ordinateur, les disques durs et les clefs USB, mais aussi tous les livres, revues, tracts et dossiers traitant de drogues ont été saisis, y compris des journaux d’Asud (auto-support des usagers de drogues).

Les enquêteurs vont sans doute fouiller cette masse d’informations pour établir une cartographie et des listes de participants à cette mouvance semi-clandestine. Toujours dans l’interview téléphonique, Dominique précise :

«  Il y a des gens qui veulent être jugés avec moi, cela ne sera pas possible. […] dans le procès verbal, on voit bien qu’ils ont dissociés le cas des Cannabis Social Clubs, pour l’instant ce n’est que moi.  »

Il est assez logique que la justice ne veuille pas valider l’existence d’une association dont l’objet est de fait illégal. L’objectif est de tuer le projet dans l’œuf, pas de multiplier inutilement les martyrs.

A l’époque de l’envoi des pétards au 577 députés, un petit livre «  Cannabis, nous plaidons coupable  » avait été écrit par les complices de Jean-Pierre Galland dans cette opération, et d’autres lettres de témoignage avaient aussi été envoyées au tribunal pour se dénoncer et demander à comparaître. Seul Galland avait été jugé et condamné. Bis repetita.

Dans sa stratégie Initiale, Dominique Broc prévoyait de déposer les statuts de la fédération des CCS le 4 mars. Si le 25 mars le gouvernement n’avait pas entamé des négociations, il appelait les 450 CSC à déposer en préfectures. Le communiqué de Cannabis Sans Frontières dénonce :

« Cette attaque vise à décapiter notre mouvement, peut-être aussi pour démotiver certains éléments à quelques jours de la déclaration en préfecture de l’association fédérative des Cannabis Social Clubs Français.  »

On peut effectivement se demander quelle sera la réaction des membres des CSC et des sympathisants de ce mouvement. Suivront-ils Dominique Broc dans sa volonté d’assumer ses actes jusqu’aux Assises  ?

Il est plus facile de militer derrière son écran que dans la vraie vie. Iront-ils affronter le risque d’un procès maintenant qu’il n’est plus virtuel  ? Les CSC ont l’intention de maintenir leur agenda, combien les suivront  ?

De cette réponse dépendra beaucoup la possibilité de politiser le procès de Dominique Broc. Il y aurait 200 000 cultivateurs de cannabis en France, et environ quatre millions d’usagers plus ou moins réguliers. L’exemple de Dominique leur donnera-t-il le courage de sortir des placards  ? C’est l’occasion ou jamais.

Dans les prochains jours, les organisations d’usagers (dont Asud) et celles qui soutiennent la réforme de la politique des drogues vont devoir apporter une réponse collective à cette fin de non-recevoir répressive du gouvernement.

Même si nous ne partagions pas tous la même stratégie, nous devons être solidaires de Dominique Broc. Sa prise de risque très médiatisée a largement contribué à faire connaitre les revendications citoyennes des usagers de cannabis.

Nous partageons tous sa volonté de lutter contre les organisations criminelles qui contrôlent le marché et contre les produits frelatés qui circulent largement. Il est donc prévisible qu’une manifestation soit organisée le 8 avril devant le tribunal de Tours.

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Cannabis Social Clubs : les producteurs-fumeurs ne veulent plus se cacher

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Cannabis Social Clubs : les producteurs-fumeurs ne veulent plus se cacher

Le nom sonne comme un club de fumeurs de Havane. Les Cannabis Social Clubs, associations de cultivateurs de chanvre, actuellement organisées dans l’illégalité, comptent se déclarer en préfecture début 2013.

C’est Dominique Broc qui l’a annoncé dans Le Monde paru le jour de Noël. Un peu comme le planteur qui voulait être jugé comme un criminel, cet homme sait très bien ce qu’il fait :

« C’est bel et bien un acte de désobéissance civile. On n’attend pas que l’on nous donne une autorisation. On veut imposer notre activité. »

En France, l’article 222-35 du code pénal punit de trente ans de réclusion criminelle et de 7,5 millions d’euros d’amende la production ou la fabrication illicites de stupéfiants en bande organisée.

Les interpellations pour usage de stupéfiants sont en hausse et ont atteint un total de 143 000 l’an dernier. Malgré sa politique répressive, la France est l’un des pays européens où la consommation de cannabis est la plus élevée, et elle ne cesse de croître.

Afin de forcer le débat politique, Farid Ghehioueche, l’un des fondateurs de l’association Les amis du Cannabis Social Club français, créée en août, incite donc les fumeurs-cultivateurs « à revendiquer la culture en bande organisée » :

« Il ne faut plus vivre caché, mais montrer que, oui, il y a des consommateurs responsables, et que c’est l’Etat qui est irresponsable de ne pas changer la loi. »

Farid, également initiateur du collectif Cannabis sans frontières, estime qu’après cinq ans de sarkozysme – « une nuit noire », selon lui – un « réveil » est en train de s’opérer depuis six mois chez les cannabinophiles.

« Mais ça reste “touchy”, on marche sur des œufs », concède-t-il. Tous les jours, il reçoit des appels pour adhérer à un club. Il invite les volontaires à se prendre en main :

« Fédérez-vous, prenez le temps de lire le code de conduite, définissez entre vous vos règles de fonctionnement… et ensuite on ira tous se déclarer en préfecture ou au commissariat. »

Sur les 200 000 cultivateurs de cannabis [estimation de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies, OFDT], combien sont prêts à sortir du bois ? Dominique Broc avance le chiffre de 2 500 personnes, regroupées en 150 clubs, associations de fait et non de droit.

Parmi les 550 000 consommateurs quotidiens de cannabis [toujours selon l’OFDT, que les militants estiment largement sous-estimés], beaucoup voudraient sans doute rejoindre un de ces clubs, qu’ils soient jardiniers ou pas.

Le fonctionnement des clubs n’est pas encore clairement arrêté, mais il s’agirait de cultiver en commun, en partageant les frais et les risques, mais sans vendre. Culture en intérieur (« indoor »), en extérieur (« outdoor »), choix des plantes, usage ou non d’engrais… les membres du club devraient se mettre d’accord sur tous ces points. Ce n’est pas gagné, tant chaque cultivateur a ses petites habitudes.

Qu’ils osent finalement se déclarer ou pas, les amis des Cannabis Social Clubs auront en tous cas relancé le débat, même si au-delà d’Europe-Ecologie-Les-Verts, aucun parti ne semble décidé à s’en emparer.

Qu’importe, il faut des exemples. Comme celui de Jako Simon, qui, atteint du sida, a besoin de cannabis pour supporter les effets secondaires des trithérapies – ce qui lui a valu quelques ennuis avec la police.

Et Farid Ghehioueche de citer « un cas parmi des dizaines » :

« Quand un monsieur de 62 ans, qui cultivait son cannabis pour diminuer sa consommation de tabac et mieux dormir car il a de l’arthrose, se fait supprimer ses quatre pieds de chanvre, qui ne gênaient personne, que se passe-t-il ? On le met dans une situation où il va aller s’approvisionner sur le marché noir et creuser le trou de la Sécu ! »

Les partisans de la légalisation du cannabis thérapeutique ne sont pas nécessairement des soutiens des clubs, et préfèrent ne pas se mélanger aux usagers dits « récréatifs ». Pour Farid, au contraire, le combat est le même :

« On en prend tous pour se régénérer. L’essentiel est qu’on obtienne le droit à l’autoculture. »

Ce qui se joue dans cette bataille pour les Cannabis Social Clubs, c’est aussi la distinction entre des consommateurs qui se définissent comme des « citoyens responsables, des gens honnêtes qui doivent vivre cachés tellement la loi est mal faite », et les trafiquants, dealers… bref, ceux qui font commerce de la drogue.

Il faut écouter l’un des membres de l’appel du 18 joints rappeler :

« La plus grosse peur, ce n’est même pas la police mais les trafiquants. Certaines personnes qui ont des cultures se font braquer. On demande la protection de la police. »

Une tension confirmée par Michel Gandilhon, chargé d’étude à l’OFDT, cité par Le Monde :

« Depuis l’apparition des autocultures, il y a une concurrence de plus en plus rude et féroce. Il risque d’y avoir des tensions et davantage de règlements de comptes. »

Pas étonnant quand on compare le prix de vente, du cannabis qui va de 24 centimes le gramme (s’il est produit de façon artisanale) et 15 euros le gramme (sur le marché noir).

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